Summer class en montagne


La rentrée vient de sonner, c’est l’occasion de se remémorer les « summer class » des mois précédents. Le coronavirus a prolongé les vacances de deux mois dans toutes la Thaïlande et il a donc fallu réinventer la mission pendant ce temps … Alors en avant pour l’aventure et me voilà partie donner des cours d’anglais dans des villages de montagne.

Dans le premier village, les enfants volontaires sont peu nombreux. Les règles du jeu sont fixées, il faut se montrer attractif : une partie de Uno pour commencer, 45 minutes à 1h30 de cours d’anglais selon l’attention et la concentration, et une partie de Jungle speed pour finir la séance. Finalement ce n’est pas la quantité mais la qualité qui compte, ils auront été entre 8 et 12 élèves de 5 à 13 ans à venir tous les jours apprendre un peu de conversation en anglais, à l’école de Poblaki, ouverte pour l’occasion.

Être professeur permet ainsi de pouvoir facilement se faire accepter dans le village, d’avoir un bon prétexte pour visiter les jeunes, aller se promener avec eux, les suivre dans les petits sentiers et raccourcis connus d’eux seuls !

Ici les jeunes croquent la vie comme les mangues : à pleines dents ! Et puis ils ne demandent qu’à trouver des partenaires de jeu : alors quand on en a assez des parties de Uno et Jungle speed, on invente pleins de nouveaux jeux : il suffit d’un peu d’imagination et de magie dans les yeux des enfants pour les voir rire aux éclats sur une partie de chat perché, de cache-cache ou de relais. 



Deuxième village, deuxième aventure totalement différente. A Tohoki, les enfants sont déterminés à apprendre l’anglais : les volontaires sont très nombreux, jusqu’au village voisin !

3 groupes de niveaux et le tour est joué ! L’école étant fermée dans ce village, il faut improviser une classe avec les moyens du bord : un tableau blanc dégoté dans un recoin du centre de Mae Tan et un bout de maison karen feront l’affaire !

Stratégiquement comme pour le premier village, on apprend la conversation de base qu’ils peuvent utiliser ensuite au quotidien entre eux.

Ils viennent tous les jours relativement assidument, un peu stressés face à cette prof « kolawa » (blanche en karen) ui ne parle pas karen et un thaï qu’on ne comprend pas toujours … Mais je suis impressionnée par leur motivation ! Quand je les croise dans le village après la classe, il tente de répéter les quelques phrases apprises « Teacher, how are you ? » « Where do you go ? » « What do you do ? »

Ici c’est tout le village qui se montre très heureux de l’accueil d’une volontaire. Et les karens témoignent de leur accueil entre autres par la nourriture : mon estomac s’en souvient ! Je suis invitée chaque jour dans plusieurs maisons, je dîne 2 à 5 fois par soir … ! Evidemment jamais prévenue en avance, je mange à chaque fois comme si c’était la première fois pour honorer mes hôtes, mais comme si c’était la dernière aussi pour combler mon estomac au début et tenter de le sauvegarder au 5ème repas … !

Ce temps dans les villages est l’occasion de s’immerger dans la culture karen, de découvrir leur vie quotidienne, de la partager et de mieux la comprendre. Et quelle belle culture : très accueillants, généreux et bienveillants, ils ont une joie de vivre communicative et une simplicité qui ramène à l'essentiel. Grande joie de vivre cette aventure avec certains jeunes du Centre vivant dans ces deux villages. C’est une bonne manière d’approfondir la relation et de les connaitre en les découvrant dans leur famille.

Alors bien sûr c’est difficile de mesurer si ces cours leur ont servis, s’ils retiendront quelque chose de ce qu’ils ont appris, car on arrive avec notre culture et nos méthodes d’apprentissage bien différentes des méthodes thaï et de la culture karen. 
Mais j’ai eu la chance de pouvoir découvrir que 2 mois après, 4 de mes élèves (qui ont rejoint le centre de Mae Tan) n’avaient pas oublié les conversations apprises ensemble… 

En revanche le temps passé ensemble, cette immersion en terre karen, les relations tissées, sont autant de choses qui demeureront.

« Ce qui compte ce n'est pas ce que l'on donne, mais l'amour avec lequel on donne. » Sainte Mère Térésa 

                                    Pauline, volontaire MEP