Noël, la fête des cadeaux ?
« Kri o plaif » en karen, la naissance du Christ
Pour beaucoup, c’est le moment de l’année où sera organisée dans leur village une grande kermesse : jeux, cadeaux, le tout magnifiquement décoré par le soin des élèves du centre de Maetan… pour les chrétiens, c’est aussi (et surtout pour les plus avancés dans la foi) la messe où ils viendront au pied de la crèche offrir toute leur vie à l’enfant Jésus.
Noël pour chaque communauté chrétienne doit être un souffle nouveau qui leur fait percevoir derrière les chants, la crèche et les cadeaux, un abime de miséricorde et la fontaine de grâce qui seule peut étancher leur soif de paix. Dieu sait s’ils sont assoiffés ! Combien de jeunes de ces villages vont boire à d’autres sources, plus ou moins potables : ils s’agitent, courent à l’autre bout du pays en quête de nouvelles expériences…
Noël c’est aussi pour toute l’équipe l’occasion de rendre grâce pour la fécondité du centre Joseph Quintard : les élèves, partagés en deux groupes, ont préparé, animé, célébré, partagé leur joie aux habitants de la montagne sous la direction de sœurs qui ont confirmé leur talents d’organisatrices. Une équipe de ‘’jeunes pros’’, infirmières, profs, anciens catéchistes est venu compléter le staff de notre tournée.
Autant dire que les chrétiens de nos villages n’étaient pas en reste et l’accueil a été à la hauteur de nos préparatifs : églises et crèches somptueusement décorées, repas pour 20 personnes (pour une famille moyenne c’est un budget…), estrades en bambou pour les spectacles, des sketchs et jeux de volontaires… et des fins de soirées chez le chef chrétien au son des ‘’Hta’’, mélopées karens qui seraient sans doute poétiques si elles n’étaient accompagnées de l’indispensable alcool de riz dont les effets positifs en terme de convivialité ne contribuent pas beaucoup à l’harmonie des voix…
A mesure que je prêche Noël dans les différents villages, je perçois ce qui leur parle et ce qui les plonge dans un ennui qu’ils trompent en regardant les enfants courir partout et hurler pendant l’homélie. Comment reçoivent-ils cette bonne nouvelle : Dieu s’est fait homme, et pas n’importe lequel : un fils de charpentier, né dans une étable et mort sur la croix. Ils perçoivent que Jésus a mené pendant 30 ans une vie semblable à la leur et le Nazareth de l’époque ne différait peut être pas beaucoup de Takodei ou Metauki. Dieu est venu, il vient encore et leur église de village, leur maison où nous apportons au son des guitares et tambourins l’enfant Jésus, sont de nouvelles étables pour notre roi. Car oui, ces petites minorités, souvent complexées, dont la foi est encore au stade de nourrisson, ont un roi, qui en ces jours de Noël leur ressemble à bien des égards ; c’est un peu déconcertant, même pour eux ! Sans doute un certain nombre aimerait mieux faire partie du camp des dominants, des plus nombreux, manifester la puissance et le succès de leur Dieu : réussite dans les affaires, guérisons multiples... Mais même convertis, ils demeurent pauvres, malades, inquiets pour leurs enfants. Si certains s’étaient convertis à la vue des projets des pados, des cadeaux reçus à noël, des études gratuites, ils ne tardent pas à déchanter ! Le mystère de Noël nous invite à nous mettre à genoux ; Noël c’est beaucoup de joie, mais c’est aussi déconcertant : on attend des cadeaux du petit Jésus, l’une que son mari arrête de boire, l’autre qu’elle n’ait plus mal au dos… En guise de cadeau, c’est Dieu lui-même qui nous est donné… force est de constater que ce n’est pas exactement ce qu’ils attendaient. Bonne occasion de méditer sur ces mots de sainte Thérèse d’Avila : « celui qui possède Dieu ne manque de rien ; Dieu seul suffit. » Facile à dire quand on mange a sa faim chaque jour, que l’on n’a pas peur des lendemains difficiles… en fait non. Que l’on soit riche ou dans le besoin, l’expérience des noëls dans les villages montre que le facteur de détachement vis-à-vis des biens de ce monde n’est pas tant la misère que la foi et l’attention aux autres.
Noël c’est aussi pour toute l’équipe l’occasion de rendre grâce pour la fécondité du centre Joseph Quintard : les élèves, partagés en deux groupes, ont préparé, animé, célébré, partagé leur joie aux habitants de la montagne sous la direction de sœurs qui ont confirmé leur talents d’organisatrices. Une équipe de ‘’jeunes pros’’, infirmières, profs, anciens catéchistes est venu compléter le staff de notre tournée.
Autant dire que les chrétiens de nos villages n’étaient pas en reste et l’accueil a été à la hauteur de nos préparatifs : églises et crèches somptueusement décorées, repas pour 20 personnes (pour une famille moyenne c’est un budget…), estrades en bambou pour les spectacles, des sketchs et jeux de volontaires… et des fins de soirées chez le chef chrétien au son des ‘’Hta’’, mélopées karens qui seraient sans doute poétiques si elles n’étaient accompagnées de l’indispensable alcool de riz dont les effets positifs en terme de convivialité ne contribuent pas beaucoup à l’harmonie des voix…
Coucher tardif et lever au petit jour pour préparer la messe du matin, et les baptêmes d’enfants de l’année ; les catéchumènes seront baptisés à Pâques.
Joyeux Noël à tous et bonne année !