La moisson est abondante - recolte du riz 2018

C’est pour quand ? Ça se présente bien ? Ne faut-il pas appeler les familles ? Quelques questions qui ont animées les diners du centre il y a plusieurs semaines. Pourtant aucun accouchement n’a eu lieu mais bien l’émergence de la vie : pas n’importe laquelle, celle du riz qui va combler les estomacs sans fond des élèves de notre centre. 

Récolte du riz par les élèves du Centre à la faucille - méthode traditionnelle Karen

C’est donc avec appréhension et impatience que nous attendions le feu vert de Kupopaj et Litoupaj, chargés de rizière, pour nous lancer dans la récolte. Manque de chance, nos spécialistes nous informent que la moisson  est imminente à la veille du grand weekend sportif des pensionnats catholiques de la région. Je m’attends à une vague d’indignation de la part des élèves, nécessairement réquisitionnés pour l’occasion, mais à ma grande surprise, ils sont enchantés. 
La récolte du riz au centre est un évènement pour notre petite communauté car les parents, des élèves d’autres centres, des sœurs et de nombreux villageois se joignent à nous pour un ou deux jours et partagent notre vie. Cette année certains sont venus de loin pour nous aider, manifestant ainsi l’esprit de solidarité qui existe entre karens mais aussi la joie de se retrouver dans une ambiance chaleureuse. Merci en particuliers aux villageois de Maesariang et Tokohoki, venus nombreux. 
Certes, on pourrait acheter notre riz et gagner un temps précieux, laisser les villageois tranquilles, gagner les championnats de foot inter-centre… cependant, il est bon que les jeunes du pensionnat n’oublient pas trop vite le travail de leurs parents ; qu’ils gardent à l’esprit que la nourriture dont ils ont besoin pour vivre a un prix et que les efforts que les autres font pour nous, nous invitent à nous nous donner en retour. 
Soixante-dix personnes, la faucille à la main, la chique de bétel à la bouche, riant, râlant, colportant divers ragots d’un village à un autre et certains se cachant à l’ombre des arbres pour dormir, français ou karen un ado reste un ado… 
Midi, pause déjeuner, la salle à manger est un volcan en ébullition, mais tout est sous contrôle : les sœurs et les mères de familles ont prévu largement, nous auront de la viande pour quelques jours… 
Nous terminons la récolte quelques heures plus tard, les villageois repartent sous les acclamations d’une foule juvénile reconnaissante. 
Trop beau pour être vrai ? Et non ! Je ne manque pas d’exemples pimentés qui vous aideraient à comprendre que la gestion quotidienne d’adolescents tous karens qu’ils fussent, peut exiger une certaine patience mais il y a des jours où le bon sens exige que l’on se contente d’un grand merci. 
Merci aux villageois venus aider, merci au centre de Panoipou, merci à Dieu pour notre riz quotidien et vive la joie quand même !